Coline Hégron
Radio as paper | 2020 | 4 €
La jeune autrice Coline Hégron est aux manettes de cette variation autour de la fameuse histoire de la danse épileptique de Strasbourg en 1518.
Rappelons quelques faits au sujet de ce qui passe parfois, à tort, pour une légende : pour une raison qui reste inconnue à ce jour (Ergotisme ? Hystérie collective ? Expérience hérétique ?), des habitant.e.s épuisé.e.s par le contexte miséreux de leur époque se mettent à danser du jour au lendemain, sans cesse. Les jours passent, ils sont de plus en plus nombreux, ils dansent jour et nuit, les pieds en sang, les articulations abîmées, et ils en crèvent, des dizaines et des dizaine de mort.e.s.
Shakespeare appela « the dancing plague » (la peste dansante) cet épisode méconnu de l’histoire, que le clergé, tout à fait à son aise par rapport à l’épuisement du peuple qui lui laisse le champ libre, à fait oublier sans tarder.
Coline Hégron, dont j’ai été ravi de découvrir le boulot à Angoulême alors qu’elle faisait partie d’une des promotions les plus chouettes que j’ai pu croiser dans son école, s’est emparée de cette histoire un peu comme l’a fait Jean Teulé dans son livre « Entre dans la danse », mais avec ses propres ingrédients, savoureux et étonnants de justesse.
Ce tout petit récit, publié dans la collection RAPMC des toujours très chouettes nantais de Radio As Paper, est l’une des très bonnes surprises de cette fin d’année. Une vingtaine de pages cachés sous une petite couverture imprimée en riso valent parfois mieux qu’une saga en trois tomes ! Et puis sortir une bande dessinée qui traite d’épidémie en période de confinement dû à une pandémie : quel sens du timing !