Martin de La Soudière
Anamosa | 2019 | 24 €
Martin de la Soudière est ethnologue au CNRS ainsi qu’à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il parcourt les Pyrénées, la Lozère, le Jura dans le cadre d’un travail de longue haleine sur les dimensions sensibles du monde rural, et son approche revêt bien des formes différentes qui semblent, à travers ce curieux livre, éminemment complémentaires.
« Arpenter le paysage » est un essai à la première personne où l’auteur revisite son attrait originel pour la montagne, en partant de ses souvenirs d’enfance, puis en déroulant les diverses manière d’aborder la notion de paysage, le tout de manière résolument introspective. Martin de La Soudière convoque ses glorieux aînés géographes ou écrivains, de Philippe Jaccottet à Jean Giono en passant par André Dhôtel, Robert Louis Stevenson, Julien Gracq ou Fernando Pessoa, et l’ombre du grand Élisée Reclus plane sur l’ensemble du livre : l’ethnologue géographe considère que le paysage n’a rien de fixé, rien de figé, jamais. C’est le mouvement induit par l’attention du marcheur, du visiteur, son acuité à l’endroit où il se trouve, son regard sur la présence humaine, et toute une somme de choses qui « font » le paysage en l’intégrant. « Entrer en paysage », tout un programme.
L’auteur confesse être amoureux du mauvais temps, tout comme être amateur de « raccourcis qui rallongent » : l’ouverture du champ des possibles n’est jamais aussi large que lorsque le pas se fait de côté.
Ce curieux livre est à la croisée des souvenirs, des réminiscences, des analyses, et parce qu’Anamosa ne fait jamais les choses à moitié, le travail d’édition est superbe : extraits des carnets de l’auteur, depuis sa tendre enfance jusqu’à aujourd’hui, ponctué de diverses photos personnelles, maquette impeccable… Encore un très très beau livre de leur part.
Peut-être même nous fera-t-il regarder le paysage différemment ?