Maison Dagoit | Derrière la Salle de Bains | 2013 | 5 €
Le résumé de la vie de l’écrivain et poète Richard Brautigan tiendrait en quelques lignes et pourrait ressembler à ceci : né en 1935 sur la côte ouest des États-Unis, son enfance est marquée par la pauvreté, l’adversité, les abandons, et les violences de ses beaux-pères successifs. Un environnement familial démissionnaire et un milieu social défavorisé, Ça partait très mal pour Brautigan, et il lui aura fallu croiser le chemin d’une enseignante en langue anglais pour lui proposer une issue, une alternative à ce qui s’annonçait plutôt comme une vie foireuse. Miss Gibson l’introduit à Emily Dickinson et à William Carlos Williams : Brautigan découvre la poésie, et sa vie change, comme ses écrits pourront changer celle de son lectorat.
Il rejoint la Beat Generation à San Francisco, épicentre de la révolution culturelle écrite du moment, et écrit entre deux petits jobs alimentaires. Sa fragilité et ses déboires relationnels et sociaux l’envoient plusieurs mois dans un hôpital psychiatrique d’où il ressort en 1956 diagnostiqué schizophrène paranoïaque, avec plusieurs séries d’électro-chocs qui précipiteront la lente dégringolade de son état général.
Il se radicalise, se rapproche des Diggers (militants anarchistes et hippies), retrouve le gout et l’envie d’écrire et « La Pêche à la truite en Amérique », publié en 1967 en pleine explosion de la contre-culture, lui conférent aussitôt un statut d’auteur essentiel. La suite est moins enjouée : il connaît l’alcoolisme, retombe dans l’anonymat, et se fout en l’air en 1984, après une suite de déconvenues éditoriales et existentielles.
Les digressions brautiganesques, son approche inventive de la langue américaine, son goût pour la réappropriation des genres : on pourra retenir bien des choses de la vie et de l’œuvre du grand Brautigan, et un élan de quelques lignes ne suffira certainement pas à en donner toute la saveur.