Nada éditions | 2020 | 20 €

Ce témoignage brillant et accablant contre les pénitenciers de Guyane et plus généralement, contre la mécanique de la machine judiciaire, a bientôt cent ans mais n’a, malheureusement, pas pris une ride.
Les écrits sur la prison sont nombreux, et la critique de la question pénale telle qu’expédiée par l’état français à l’égard des condamnés reste tristement d’actualité. Ils furent pendant longtemps essentiellement des souvenirs de bagnards, des reportages un peu tape à l’œil, et le travail d’Albert Londres reste bien évidemment un repère essentiel dans cette profusion.
A laquelle s’ajoute aujourd’hui quelques ouvrages traitant de la question de la pertinence de telles peines, d’un point de philosophique ou sociologique, et quelques rééditions bienvenue : cet ouvrage écrit par un ancien médecin des îles du Salut déglingue la manière dont les pénitenciers français accomplissaient leurs moches besognes. 70 000 condamnés passèrent par les bagnes de Guyane durant un siècle, entre 1852 et 1953, et un taux de mortalité supérieur à 60%. Le monde carcéral qui y est décrit est doublé d’une critique en bonne et due forme du colonialisme destructeur de l’époque, dont on connaît le sombre héritage.

Le docteur Rousseau à échangé avec Marius Jacob, le cambrioleur anarchiste illégaliste, figure du mouvement libertaire de l’époque : cette rencontre, basée sur l’expérience de Jacob qui passa 21 ans au bagne, apporte certainement un degré de motivation supplémentaire au travail conséquent de Rousseau.
Cette nouvelle édition proposée par les éditions Nada est accompagné d’un long travail de préface et de contextualisation bienvenue signé Jean-Marc Delpech et Philippe Colin.