Antoine Mouton
La Contre Allée | 2017| 6,50 €
Cela fait désormais une quinzaine d’années qu’Antoine Mouton impose son écriture qui peine à rentrer dans un petit tiroir bien étiqueté. L’approche sociologique infuse sa poésie, et sa prose est chahutée par l’introspection qui s’invite entre deux rounds de jeu avec la langue, le verbe, la phrase.
Mais la grande réussite de l’écrit de Mouton, c’est probablement de ne jamais faire clinquer ses textes au détriment du fond, qui de son côté s’avère aussi pertinent que précis.
Ici, l’auteur creuse l’espace laissé vacant par un poste abandonné, par un travail que l’on quitte. Dans ce présent où l’on a laissé l’activité professionnelle devenir le centre, avec tout le reste autour, comment se retrouver soi-même après avoir donné son temps et ses habitudes à un emploi ?
On navigue à vue dans les différentes choses que relève pour nous un écrivain bigrement inspiré et qui a pris le temps de réfléchir à sa condition de travailleur, de chômeur, d’intérim, d’isolé solitaire qui partage un journal de bord/carnet de route/guide pratique des plus utiles, des plus curieux, des plus excitants aussi.
Jusqu’à la dédicace, délicieux point final d’une longue tirade que l’on croit entendre sortie d’une seule inspiration.