FP&CF | 2020 | 12 €
Il nous est arrivé à toutes et à tous, à un moment donné, en attendant le bus ou que sais-je, de regarder de plus près à quoi pouvait ressembler ou bien ce qui était écrit sur une plaque d’égout. Les minutes qui suivent se résument assez vite en principe : à part se poser la question du poids que cela représente, ou de savoir où se situe Pont-à-Mousson en Meurthe-et-Moselle, que dire d’une plaque d’égout ?
Lors d’un voyage au japon, l’auteur (ancien étudiant bisontin, ça valait le coup d’être placé, mais aussi moitié du brillant duo de graphistes Helmo) découvre que tous les pays ne sont pas égaux devant la plaque d’égout : les japonais, eux, sortent une fois de plus du cercle de nos conventions et font de cet objet un bouquet de possibilités graphiques assez stimulant et rafraichissant, même. Selon l’endroit, la localité, elles deviennent narratives plutôt que strictement informatives. Les motifs géométriques froids que l’on rencontre de par chez nous sont remplacées par des fresques géographiques, des animaux divers, des anecdotes relatant un fait particulier à l’endroit, des drôles de compositions typiquement japonaises, flirtant sur l’ensemble du spectre qui sépare La Grande Vague d’Hokusai de personnages sortant tout droit d’un manga.
Sur 130 pages, Manhoru raconte le japon par la plaque d’égout, comme un petit guide touristique du Japon pour amateurs de gravure ou de bas-reliefs. Autant de dessins se suivent, tous rigoureusement retracés d’après photo (prises sur place ou trouvées sur le net), et semblent raconter une histoire alternative de ce pays, tout en restant dans la suite d’événements notables établis ou semblant émaner de recommandations de conseils municipaux de diverses provinces de l’archipel.
Ce petit bouquin, comme la plupart des propositions de chez FP&CF, est un petit objet papier qui se compulse avec soin. Sa jaquette est agrémentée d’une dorure à chaud holographique aussi élégante que raffinée, car rien n’est trop beau lorsqu’il s’agit de plaques d’égout.