L’Apocalypse | 2012 | 16 €
Topor était un génie.
Son œuvre protéiforme et inaltérable aura marqué son époque, et l’on ne fera donc à personne l’affront de présenter le dessinateur, écrivain, poète, peintre, metteur en scène, etc. Tout juste se permettra-t-on tout de même de préciser que la formule « Roland » proposé par Adak est probablement l’hommage le plus insignifiant qui lui aura été rendu. Bref !
Cinq ans avant sa mort à la toute fin du siècle dernier, il publie « Pense-bêtes », un recueil d’aphorismes au Cherche-Midi. Le contenu du bouquin est évidemment formidable puisqu’il convoque fulgurances et traits d’esprits habituels du bonhomme, mais la maquette et la fabrication sont foireux au possible. Le bouquin est épuisé rapidement, et jamais réédité jusqu’à ce qu’un autre grand esprit éclairé, l’auteur-éditeur Jean-Christophe Menu, ne le ressuscite dès la création de sa troisième maison d’édition (L’Apocalypse, en 2012, après L’Association vingt ans plus tôt, entre autres).
L’humour de Topor est sauvage et poétique, le cul entre deux chaises (celle où l’on pleure, celle où l’on rit), il flirte avec la métaphysique et l’absurde sans jamais choisir, il fait réagir et réfléchir : « être génial dans tant de domaines est très mal vu dans nos contrées et la postérité est toujours prête à vous le faire payer » nous indique-t-on en quatrième de couverture. Ses aphorismes sont des pichenettes dans l’esprit et dans le cœur, et les quelques dessins qui accompagnent ces brefs textes sont à l’unisson.
« La nuit venue, on y verra plus clair ». Gloire soit faite à Topor.