Gwinzegal | 2016 | 28 €
[Textes de Pacôme Thiellement et de Chris Sharp, entretien avec Catherine Elkar]
La Vallée des Merveilles (parc national du Mercantour) est ici au centre d’un projet de réappropriation artistique assez surprenant : il s’agit d’une collecte des inscriptions remarquables ou plus discrètes qui y sont apparues au fil des années, des décennies, des siècles même puisque les premières gravures y seraient apparues vers 3000 avant JC.
Depuis ? Rien de neuf sous le soleil : les incantations à un couple divin primordial font place à des graffitis minéraux plus légers et plus contemporains, mais l’histoire qui s’écrit dans la roche à tout à voir avec celle de notre civilisation récente, signés de bergers ou de soldats de passage, pour le meilleur et pour le pire.
Sur ce lieu interdit d’accès au grand public depuis plus de soixante ans, le vandalisme calcaire ou schisteux continue pourtant, entre deux témoignages d’un autre âge (de bronze).
Philippe Durand est photographe et passe son temps à travailler le rapport changeant que l’on portera au monde via notamment l’espace public, sur la manière dont on s’en empare, la façon dont on y laisse sa trace. Il envisage le Mercantour comme un musée en plein air, sans accompagnement ni dispositif particulier : pas de public ni de critique, juste un terrain de jeu de taille conséquente, une potentialité artistique assez stimulante.
Ce qui est consigné dans ce livre n’est qu’une infime partie du travail de l’auteur : d’abord parce que tout n’y est évidemment pas répertorié, mais aussi parce qu’une fois ce travail d’inventaire réalisé, un autre suivra, de création et de re-création cette fois.