L’Employé du Moi | 2020 | 7 €
Noah Van Sciver est l’un des auteurs nord-américains qui sont sortis petit à petit du semi-anonymat du fanzine à petit tirage pour toucher du doigt la reconnaissance du public et celle de ses pairs, au fil des années. Son travail ne révolutionne en rien la trajectoire de la bande dessinée indépendante ricaine, mais apporte une énième pierre à son édifice en creusant la voie désormais bien connue des auteurs se roulant assez régulièrement dans une auto-dépréciation qui ont fait les bonnes heures de l’indy cartoonism.
Mais si ses travaux plus conséquents en taille lui ont valu la lumière, les awards et quelques traductions à travers le monde (notamment Fante Bukowski), c’est probablement dans les formats courts, dans les historiettes d’une quarantaine de pages, qu’il affirme son statut de raconteur d’histoires profondément marqué par le fanzine. La pagination, le rythme, tout lui convient dans ce format, et le fait qu’il revienne une nouvelle fois à la forme autobiographique ne fait qu’enfoncer le clou.
Fin des années 90, quelque part en Arizona, l’auteur est alors encore un jeune ado passant son temps à skater ou à glander avec son pote. De fil en aiguille, la puberté le stimule assez pour qu’il se retrouve sur l’ancêtre des messageries en ligne pour draguer : c’est pathétique mais cela lui fera d’improbable souvenirs inoubliables qu’il racontera plus tard !
Van Sciver réussit le savant dosage entre la nostalgie touchante, l’autodérision un poil cynique, et le portrait d’une cyber-adolescence nord-américaine assez foireuse. Est-ce qu’AOL lui a apporté l’amour ? Vous le saurez en lisant « Mon aventure torride ».