Au début des années 90, la bande dessinée n’était pas ce qu’elle est désormais.
Lorsque la jeune québécoise Julie Doucet débarque dans le milieu avec ses fanzines trash, punk, où tout ce qui est masculin en prend pour son grade, elle choque, elle surprend, elle fascine aussitôt. Son lectorat grandit, elle est publiée à travers le monde, devenant un peu malgré elle l’étendard d’une bande dessinée underground féministe, et très rapidement une autrice emblématique. Elle explore les limites de la représentation autobiographique, raconte ses rêves, témoigne de son époque.
Mais lasse d’un milieu trop patriarcal qui la gonfle, elle abandonne au tournant du siècle la pratique de la bande dessinée et son monde… Sans pour autant jamais cesser de créer : des collages, de la gravure, des micro-éditions somptueuses, des travaux graphiques divers et variés… Elle explore le narratif sous toutes ses formes, en expérimentant, sans compromis aucun. Son univers bifurque mais s’élargit, et même si pour beaucoup, Julie Doucet est cette autrice « qui a arrêté », son propos et la manière dont elle le diffuse désormais sont toujours au cœur d’un processus créatif admirable et fascinant.
Après la parution de « Maxiplotte« , une copieuse et magnifique rétrospective de 400 pages (publié en 2022 à L’Association), elle remporte le Grand prix du festival de la bande dessinée d’Angoulême et tout récemment, sort « Suicide Total« , son grand retour à une forme de narration graphique dessinée le temps d’un magnifique leporello (19 mètres ! Toujours à L’Association).
Ces ouvrages, et quelques autres, seront également disponibles lors de ce moment qui ne se renouvellera pas de si tôt.
[avec Le Pixel / La Furieuse, Adak et l’association ChiFouMi]