| quelques principes.

Les démarches alternatives convoquent souvent la solidarité et le rapport aux autrestou.te.s les autres) comme certaines des notions essentielles de leurs programmes.
A sa façon et selon ses modestes moyens, Adak essaie d’être solidaire à plusieurs niveaux :

Solidaire de plusieurs manières.

– d’abord, côté bouquins proposés : en travaillant essentiellement avec des structures éditoriales triées sur le volet qui remplissent plusieurs critères : indépendance éditoriale (pas de grand groupe propriétaire imposant ses choix dans la constitution du catalogue), programme moralement irréprochable (évidemment, pas de saloperies discrètement réactionnaires ou plus franchement nauséabondes, elles se vendent assez bien comme ça), fabrication raisonnable à défaut d’être raisonnée (comme pour beaucoup de choses, il revient moins cher à certains éditeurs de faire imprimer et naviguer des palettes de livres depuis l’asie que de bosser avec un imprimeur compétent situé à 150 bornes : même si ça s’explique, on continue de marcher sur la tête), diffusion raisonnable (pas de diffuseur-distributeur qui impose des quantités aux libraires, déjà noyé.e.s dans d’autres quantités ; ça en fait des quantités…).
En gros, si une structure éditoriale fait le choix de diffuser ses livres en travaillant avec l’un des gros groupes de distribution du livre vendant également des yaourts et des armes, on se dit qu’on peut probablement trouver d’autres collaborateurs partageant davantage de nos valeurs.

– la loi sur le prix unique du livre en France permet de proposer une remise maximale de 5% à ses client.e.s, mais nous ne vous les proposerons pas, optant pour une autre option : nous nous engageons en revanche à verser chaque année ces mêmes 5% du total des ventes effectives de livres à une ou plusieurs structure(s) de type association/ONG œuvrant de manière humaniste, responsable et engagée au niveau local (soutien aux réfugié.e.s, planning familial, aide aux minorités, défense de l’environnement, etc). Le choix des structures destinataires et le montant qui leur sera versé sera évidemment communiqué aux adhérent.e.s.


Pas de quantités déraisonnables ni anti-écologiques.

Connaissez-vous ce fléau des éditeurs, des libraires et des bibliophiles appelé « le taux de retour » (*) ? Pour faire court, et parce que ça vaut le coup d’être su de tous les amateurs de livres : plus de 25%(**) des ouvrages qui arrivent sur les étals des librairies repartent chez l’éditeur ou le diffuseur quelques semaines/mois plus tard, faute d’avoir été vendus.
Est-ce que cela signifie que tous les libraires sont des cancres en gestion des stocks ? Pas tout à fait ! Cela signifie surtout que le système de diffusion et de distribution du monde de l’édition repose sur une logique d’agressivité commerciale complètement déconnectée des dégâts qu’elle occasionne, vestige du futur monde d’avant.

Si l’on rapporte cela à notre histoire de libraire qui ouvre ses cartons, plus d’un quart des livres qui en sortent sont donc emballés pour rien. Sont envoyés au libraire pour rien. Sont déballés, manipulés, stockés pour rien. Sont re-stockés et/ou ré-expédiés à l’éditeur (en passant par le diffuseur, pardi) pour rien.
Et, au final, finissent parfois déstockés ou même détruits (***) car les énormes quantités de livres imprimés ne finissent pas forcément tous dans un entrepôt à attendre qu’un libraire égaré les commande des années après leur date de parution : ça coûte en effet bien moins cher de bousiller des tas de bouquins que de stocker des palettes et des palettes de livres ! Ce principe de destruction du livre s’appelle le pilon, et puisque l’on en parle : il concerne plus des 2/3 des livres retournés.
Tout ça, pour -presque- rien.
Mais pourquoi donc ? Principalement pour que les livres, à défaut d’être lus, soient vus. Les gros éditeurs, leurs distributeurs, pratiquent une concurrence féroce et très agressive, et la visibilité à tout prix est l’un de leurs objectifs principaux. Que tous les bouquins ne soient pas vendus au final ? Tant pis, le terrain aura été davantage occupé que par le concurrent, et à force de matraquer le cerveau des gens avec des piles et des piles positionnées partout, ils finiront bien par reconnaître telle ou telle « marque ». Ah, la concurrence…

Il va sans dire que ce scandale, trop souvent passé sous silence par les différents acteurs de la chaîne du livre, devrait progressivement être pris un peu plus au sérieux avec l’émergence du problème du réchauffement climatique, et c’est tant mieux. Mais le temps que ça bouge réellement sur ce point, bien des arbres auront été coupés et trop de litres de carburant dans les réservoirs des camions de livraisons auront été consommés. Pour rien (si ce n’est le profit de quelques « gros » acteurs qui ne céderont pas leur sacro-sainte visibilité, évidemment).

Adak, en connaissant à l’avance le nombre de ses adhérent.e.s, et donc celui des livres vendus, peut commander la quantité exacte de livres nécessaires. Pas plus, pas moins, juste ce qu’il faut.
Pas un seul livre ne sera commandé pour rien : c’est toujours ça de pris.

(*) pour plus de précisions sur cette aberration que sont les « retours », une visite chez wikipédia s’impose.
(**) chiffres mis à jour annuellement ou presque, et disponibles notamment du côté du site du Syndicat National de l’Édition, dont les commanditaires ne sont pourtant pas connus pour être des militants écolo-gauchos.
(***) pour plus de précisions sur cette ignominie qu’est « le pilon », voir l’édifiant paragraphe « raisons du pilonnage » sur la page wikipédia consacrée.
(note supplémentaire en forme de conseil de lecture : pour celles et ceux qui veulent découvrir une autre approche du pilon, notamment sur l’utilisation qu’en fait la censure, politique par exemple, on renvoie au très beau classique de Bohumil Hrabal, « Une trop bruyante solitude »).


Adak - entrez dans la forêt (BANDE)